mercredi 23 novembre 2011

Chroniques du Croque-Mort - VIII

18 Décembre 1785

Cher journal,

C'est bientôt la fête du Colon et je suis heureux. Je viens d'achever le dressage de l'oiseau et nous avons effectués hier notre première sortie dans le désert.

Quoi qu'il en soit, ces dernières semaines ont été dures, Socrate n'a pas fait ses nuits comme je l'espérais et j'ai du lui donner du lait toutes les trois heures la première semaine. Que de pleurs et de réveils, alors que la plupart de mes rêves sont doux et me font voir des réalités différentes de la mienne. Néanmoins la croissance de cette espèce est incroyable et, en à peine un mois, il est déjà capable de voler et n'arrête pas de lorgner sur la bague en or que j'ai récupéré sur mon dernier client.

Le dressage s'est très bien passé, il m'a fallu beaucoup d'ingéniosité pour l'apprivoiser, mais je le crois capable d'un intelligence assez malsaine pour assouvir mes désirs de richesse. Lui et moi, j'ai l'impression que nous nous comprenons. Enfin, je ne me sens plus si seul. J'ai commencé à le faire fumer à partir de deux semaines, et, déjà, il ne peut plus décrocher du tabac de la ferme de Jenkins.

En parlant de clients, il y a quelques jours, un homme édenté est venu me voir, il était très étrange, il n'arrêtait pas de toucher à tout dans ma boutique, j'ai l'impression qu'il fouillait pour voir si je ne cachais rien. J'espère qu'il ne découvrira pas mon compagnon. J'ai l'impression qu'il avait du mal à parler, je n'ai absolument pas compris ce qu'il disait et j'ai dû le chasser car j'ai eu d'autres visites après.

Socrate, quelle merveille ! Nous sommes sortis hier, j'avais bien attendu de voir si le temps allait être clément, et c'était le cas. Il était deux heures de l'après midi, et bien que nous soyons en hiver sur les Terres de l'Ouest, il fait assez chaud pour rester en chemise dehors. J'ai lâché Socrate, il s'est envolé, j'ai attendu une heure, désespérant de ne pas le voir revenir, mais finalement, il fut très vite de retour et m'a rapporté un bracelet gravé d'un nom illisible. Je n'ai pas assez étudié les caractères orientaux pour pouvoir déchiffrer ce qui y est marqué, mais peu importe, la découverte valait bien les semaines passées à entrainer l'oiseau.

Je crains de m'être fait repérer en rentrant... Je me sens observé en ce moment, mais ce sont les risques du métier. Déjà que je ne me sens plus si aimé qu'auparavant, quand les habitants ont découvert que c'était bel et bien le Croque-Mort qui avait été mis au bûcher fin octobre ils m'ont de suite renié et sont partis chez mon concurrent direct. Mon chiffre d'affaire à bel et bien baissé, je dois manger, c'est pour ça que je porte tous mes espoirs dans Socrate, il me rendra riche, je le sais.

Mais j'ai peur qu'il soit découvert. Je me suis attaché à lui, tu vois ? S'il est trouvé, les autorités me le retireront, c'est certain. Que ce soit toi, journal, ou lui, je ne peux pas choisir entre vous deux, vous êtes les seules personnes à qui je peux parler, et être séparé de l'un de vous, ça serait comme un déchirement dont je ne me remettrai pas.

Je crois que je suis seul, et je le resterai.

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