mercredi 9 novembre 2011

Chroniques du Croque-Mort - VI

3 Novembre 1785

Cher journal,

Revenons-en donc enfin a notre histoire de sauvetage éclair. Donc je disais avoir été secouru de justesse du bûcher par quelque chose ou quelqu'un. L'improbable s'est produit. C'est alors que je revoyais toute ma vie défiler devant mes yeux, alors que ma fin semblait si proche et que l'idée de la mort me traversait l'esprit, moi qui l'avait côtoyé si longtemps, que je fus secouru par une toute petite chose, si petite que je n'y crois toujours pas. Mon seul crime est d'avoir écouté le concert des anges et d'être retombé ...

Peu avant, on me porta sur les rondins de bois, j'étais attaché, secoué, malade. J'avais déjà l'état d'un chien crevé par la vie que j'avais mené peu avant. Pas de procès, rien ! Pas d'équité pour les étrangers me disait-on. Devais-je me débattre, partir, me secourir comme je le pouvais ? Non, je ne crois pas. Entre vivre au centre des fous, et être fou, y a t-il un juste milieux ? Je n'avais pas tellement d'aspirations, je voulais être le croque-mort d'un village, pas la personne qu'on aime ou qu'on respecte, juste celle qui s'occupe des choses désagréables pour le bien d'autrui. Je voulais me construire seul et réussir, tout se remet en question maintenant.

J'ai commis des erreurs dans ma vie, je me repentis. Plus tard, quand toute cette histoire sera tassée, j'irai au couvent pour confesser mes pêchers, mais la prise d'alcool me rend les idées confuses, et mon écriture l'est tout autant. Je devrai peut-être moi aussi devenir un Teriyaki et me laisser porter par les idées musicales, voir les rêves, les djinns, et pleurer en silence. Je ne m'en remettrai pas. Mais je m'égare encore une fois, je suis seul.

Le grand inquisiteur du village m'a approché alors que j'étais au sommet, voyant les gens de haut alors que j'étais au plus bas. Il se mit juste en face de moi, me regardant en souriant sournoisement. Il hurla : « Vous êtes coupable de sorcellerie ! Tout ce que vous direz sera retenu contre vous, vous périrez par combustion en ce grand soir d'Halloween. Crevez ! crevez donc, chien que vous-êtes ! Qui que vous soyez d'ailleurs !». J'hurlais, je pleurais, je suppliais. Il continua alors son discours :
« Lorsque la mort se sera approchée de vous, les portes de l'enfer s'ouvriront sous vos pieds, sorcier ! Mécréant ! Bâtard ! Néanmoins, nous ne sommes pas des barbares ici, et vous avez droit à une dernière volonté, quelle est-elle ? ».

L'idée me traversa l'esprit, elle était si stupide qu'elle pouvait marcher. Je ne sais pas ce qui m'a pris, j'ai crié de toutes mes forces, si bien que les habitants du village voisin ont tous du entendre « J'ai une dernière volonté grand inquisiteur ! Je veux vivre et reprendre ma place de gentilhomme commerçant dans cette ville ! ».

Et c'est ainsi que cette histoire se termina … Depuis, je bois pour oublier la stupidité humaine. A bon entendeur, à la prochaine fois.

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